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L'actualité: coups de coeur, coups de masse
Manon et le suicide assisté
--> Comment comprendre tout croche ce documentaire
Oui, oui, Nathalie Petrowski écrit très bien. Très très bien même. Cependant, cela ne rattrape pas le fait que parfois (et même souvent en vieillissant) elle cherche des "bibittes" trop loin. Dans La Presse d'aujourd'hui, elle expose son opinion par rapport au magnifique et très sobre documentaire de Benoît Dutrizac et André St-Pierre sur Manon Brunelle, femme souffrant de sclérose en plaque en phase terminale. Personnellement, je l'ai trouvé criant de vérité, illustrant pour une première fois à quel point vivre avec une maladie si lourde, dans un milieu hospitalier qui respecte si peu ses patients, peut être horrible. Je crois que tout le monde peut s'exclamer "Mon Dieu, c'est terrible!" en entendant parler de ces personnes vivant dans des mouroirs, mais personne ne peut vraiment en saisir toute la douleur.

Nathalie Petrowski, elle, a décidé d'aller plus loin. Manon est une chialeuse, une plaignarde, qui n'a pas hésité une seconde à avoir son heure de gloire en exposant sa mort, le moment le plus intime d'une vie, aux caméras et aux voyeurs du Québec. Elle est le symbole de la génération des baby-boomers qui font passer la qualité de vie avant la vie elle-même. Cette même qualité de vie serait essentiellement matérielle, sans inclure la vie spirituelle ou intellectuelle. "Le désespoir de Manon est peut-être dû à autre chose que la maladie et les turpitudes du système de la santé". "Dès qu'elle disparaît (la qualité de vie), tout le reste disparaît avec elle. Un peu comme si, en allant au marché et ne trouvant pas le brocoli dont on a besoin pour cuisiner, on annule le repas. Oubliez le fenouil ou l'aubergine, c'est du brocoli sinon on ne mange pas. Cette vision m'apparaît pour le moins expéditive et limitée".

Moi aussi, elle m'apparaît limitée ta vue Nathalie. Comment peut-on affirmer que quelqu'un souffrant le martyre depuis plus de trente ans, n'a pas essayé de vivre avec sa maladie, n'a pas tenté de trouver plus dans la vie? Comment peut-on la réduire à une chialeuse de première quand elle vit dans sa merde, n'est plus maître de son corps et, par conséquent, de sa vie. Je crois qu'il y a des limites à porter des jugements (même si Mme Petrowski dit qu'elle ne juge pas Manon). Il est impossible de prendre l'exemple de Manon et de l'étendre à toute la génération des baby-boomers. On sort du débat. Benoît Dutrizac voulait parler du suicide assisté, pas de la vision de la vie des baby-boomers. Et la décision de Manon à mourir devant les caméras est, pour ma part, un geste noble, un sacrifice pour ceux qui voient la mort comme inviolable, pour faire avancer le débat.

Enfin, pour la personne qui m'a accusée dans ce blogue d'être jalouse de Nathalie Petrowski, je lui réponds que critiquer l'opinion de quelqu'un n'est pas de la jalousie. Ça s'appelle "débattre" (au cas où elle ne sache pas faire la différence). Critiquer la personne elle-même, ça c'est de la jalousie.


Ecrit par MarieLC, le Mercredi 24 Novembre 2004, 08:18 dans la rubrique "Coups de masse".


Commentaires :

  SophieLaurence
24-11-04
à 14:09

Dans les dents Nathalie!!!

Mille fois bravo Marie!!!
J'aimerais bien que cette fameuse journaliste tombe sur l'article que tu viens d'écrire. Elle pourrait peut-être comprendre, une fois pour toutes, que son opinion est souvent sur-subjective et mal fondée. C'est ni plus ni moins une chigneuses semblant vivre dans la ouate de son petit bonheur de critique culturelle.
Je suis souvent déçue de l'angle de ses articles, car elle ne semble pas se mettre dans la peau d'une personne mourante ou souffrante!!!
En tout cas... Le débat peut être long...
Sophie

  journaliste
24-11-04
à 22:24

En accord

Nathalie Petrowki devrait se regarder avant de parler des autres de la manière dont elle le fait. Elle est méprisante, méprisable et ridicule. Quoi qu'il en soit, la Petrowski ne mérite pas qu'on s'étende sur son cas.

Tu devrais lui envoyer ton commentair. Il est très pertinent. Elle prendrait par contre son air  hautain de madone condescendante pour réfuter tout ce que tu avances.


  MarieLC
25-11-04
à 18:12

Re: En accord


Merci à toi! Pour ce qui est d'envoyer le commentaire, je crois que je vais m'abstenir car, comme tu le dis si bien, elle va lever le nez dessus. En passant, as-tu lu l'éditorial de Lysiane Gagnon aujourd'hui. Elle n'est pas aussi cinglante que la Petrowski, mais j'ai l'impression qu'elle aussi cherche des bibittes. Par exemple, le fait que Manon et Benoît sacrent à tour de bras pendant le documentaire la dérangeait beaucoup. Selon elle, le film a servi à dissiper la solitude de la mourante (Mme Gagnon tente de le prouver en écrivant que personne ne l'accompagnait à l'aéroport, mais n'est-il pas fait mention que Manon refusait que ses amies et sa famille viennent???). Est-ce moi qui ait mal compris l'histoire? Expliquez-moi quelqu'un comment ça se fait que l'on s'acharne sur ce documentaire. Cela cache-t-il un malaise par rapport au suicide assisté?

  Karonmaime
04-12-04
à 15:53

J'aimerais bien voir cette Nathalie avec la maladie de Manon

<p>Non, je ne te trouve pas jalouse, je pense au contraire que tu as raison.  Il faut essayer de comprendre la souffrance que peuvent ressentir les gens.  C'est sûrement avec des gens comme Nathalie qu'on se rend compte à quel point plus personne ne fait attention à personne.  </p><p>À présent, Manon est morte, donc on ne peut plus rien pour elle, pour la sauver.  Maintenant, je pense qu'il faut respecter son choix et la laisser en paix afin de respecter aussi ses proches qui doivent être tout de même très tristes de son départ, même s'ils l'ont accepté.</p>

  Eric Folot
05-07-10
à 12:39

OUI à l'aide au suicide, mais NON à l'euthanasie !

OUI à l'aide au suicide, mais NON à l'euthanasie !
Au sujet de la différence entre l'euthanasie et l'aide au suicide, il faut distinguer entre les arguments juridiques, éthiques et religieux. On ne peut pas simplement affirmer sans nuance qu'il n'existe pas de différence entre les deux : dans un cas c'est le patient lui-même qui s'enlève la vie (aide au suicide) alors que dans l'autre c'est le médecin qui la retire. Il faut d'abord préciser sur quel terrain (juridique, éthique ou religieux) on tire notre argumentation. Si l'on se situe sur le terrain de l'éthique, on peut raisonnablement soutenir qu'il n'existe pas de différence. Cependant, si l'on se situe sur le terrain juridique, il existe toute une différence entre l'euthanasie (qualifié de meurtre au premier degré dont la peine minimale est l'emprisonnement à perpétuité) et l'aide au suicide (qui ne constitue pas un meurtre, ni un homicide et dont la peine maximale est de 14 ans d'emprisonnement). Dans le cas de l'aide au suicide, la cause de la mort est le suicide du patient et l'aide au suicide constitue d'une certaine manière une forme de complicité. Mais comme la tentative de suicide a été décriminalisée au Canada en 1972, cette complicité ne fait aucun sens, car il ne peut exister qu'une complicité que s'il existe une infraction principale. Or le suicide (ou tentative de suicide) n'est plus une infraction depuis 1972. Donc il ne peut logiquement y avoir de complicité au suicide. Cette infraction de l'aide au suicide est donc un non-sens.

En revanche, l'euthanasie volontaire est présentement considérée comme un meurtre au premier degré. Le médecin tue son patient (à sa demande) par compassion afin de soulager ses douleurs et souffrances. Il y a ici une transgression à l'un des principes éthiques et juridiques des plus fondamentaux à savoir l'interdiction de tuer ou de porter atteinte à la vie d'autrui. Nos sociétés démocratiques reposent sur le principe que nul ne peut retirer la vie à autrui. Le contrat social « a pour fin la conservation des contractants » et la protection de la vie a toujours fondé le tissu social. On a d'ailleurs aboli la peine de mort en 1976 ! Si l'euthanasie volontaire (à la demande du patient souffrant) peut, dans certaines circonstances, se justifier éthiquement, on ne peut, par raccourcit de l'esprit, conclure que l'euthanasie doit être légalisée ou décriminalisée. La légalisation ou la décriminalisation d'un acte exige la prise en compte des conséquences sociales que cette légalisation ou cette décriminalisation peut engendrer. Les indéniables risques d'abus (surtout pour les personnes faibles et vulnérables qui ne sont pas en mesure d'exprimer leur volonté) et les risques d'érosion de l'ethos social par la reconnaissance de cette pratique sont des facteurs qui doivent être pris en compte. Les risques de pente glissante de l'euthanasie volontaire (à la demande du patient apte) à l'euthanasie non volontaire (sans le consentement du patient inapte) ou involontaire (sans égard ou à l'encontre du consentement du patient apte) sont bien réels comme le confirme la Commission de réforme du droit au Canada qui affirme :

« Il existe, tout d'abord, un danger réel que la procédure mise au
point pour permettre de tuer ceux qui se sentent un fardeau pour
eux-mêmes, ne soit détournée progressivement de son but premier,
et ne serve aussi éventuellement à éliminer ceux qui sont un
fardeau pour les autres ou pour la société. C'est là l'argument dit du
doigt dans l'engrenage qui, pour être connu, n'en est pas moins
réel. Il existe aussi le danger que, dans bien des cas, le
consentement à l'euthanasie ne soit pas vraiment un acte
parfaitement libre et volontaire »
Eric Folot